Dépendre d'un service externe, un choix à assumer
12 avril 2016 —Quand j’ai découvert le principe des flux RSS, j’ai commencé à en suivre quelques-uns en utilisant un logiciel installé sur mon unique PC1. Je suis rapidement passé à un service en ligne, réalisant que cela me permettrait de m’occuper entre les cours, en prenant la suite de ce que je lisais chez moi.
À ce moment là, le service d’agrégation de flux RSS s’appelait Bloglines, si j’ai bonne mémoire. Je ne saurais plus en parler en détail, mais il fonctionnait plutôt pas mal et n’était pas désagréable à utiliser. Après un ou deux rachats, il a fini par fermer.
J’ai alors basculé vers le service d’agrégation de flux RSS du moment : Google Reader. Il fonctionnait plutôt pas mal, il était somme toute agréable à utiliser. Après avoir arrêté d’évoluer, il a fini par fermer. Oui, même avec « Google » dans le nom.
Finalement, j’utilise désormais un logiciel que j’héberge moi-même. Ça représente un léger investissement financier et, surtout, plus de travail pour l’administrer et le tenir à jour, mais, au moins, il ne fermera pas demain !
Pour l’hébergement de projets, en particulier libres, il y a pas mal d’années de cela, SourceForge était le service où il fallait être. Quelques années après, Google Code était le service à la mode. J’en ai également utilisé ou vu utilisés quelques autres, plus confidentiels.
Le second a annoncé il y a un an, qu’il basculerait en lecture-seule fin août 2015 et fermerait début 2016 – ici encore, oui, même avec « Google » dans le nom. Le premier s’est transformé en guirlande de Noël blindée de publicités – ou a même injecté pendant un temps des composants douteux dans les paquets logiciels proposés au téléchargement.
Et si, demain, c’était Github, sur lequel vous hébergez le code-source de vos projets (ou tout leur historique d’issues) ou votre blog personnel, qui fermait ? Ou Gmail ? Ou le FAI chez qui vous avez vos mails ? Ou un diffuseur de musique avec DRM requêrant un accès au serveur pour permettre l’écoute de morceaux achetés ?
Un service qui ferme, une entreprise qui cesse son activité, cela arrive et c’est normal, après tout. Je ne dis pas le contraire. Mais il est important d’en être conscient et de savoir mesurer et anticiper les risques.
Utiliser Github comme hébergement pour le code-source de votre entreprise et Google Apps pour vos documents et mails ? Pourquoi pas : ce sont des solutions pratiques, de qualité, simples à mettre en place et ne demandant quasiment aucune admistration ni réelle gestion de backups de votre part2. De plus, tant que vous vous basez sur une version payante et dont le modèle n’est pas basé sur la publicité, vous avez des chances d’être le client et pas le produit ;-).
Mais, dans tous les cas, veillez à avoir des possibilités d’export pour migrer vers une autre solution, ainsi qu’à conserver la propriété du nom de domaine que n’aurez pas manqué de configurer pour pointer vers le service que vous utilisez – au lieu de passer par une URL lui appartenant !
Une possibilité, en particulier pour les projets Open Source disposant d’un minimum de moyens, peut être d’utiliser leur propre hébergement, notamment pour leur code-source… Quitte à mettre en place un miroir sur Github pour faciliter les contributions3 ;-)
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J’étais étudiant : je n’avais pas 36 ordinateurs, les « smartphones » comme nous les connaissons aujourd’hui (et encore, on parlait plus de « PDA », façon Psion ou Palm, qui ne faisaient pas également téléphone !) existaient à peine et leur prix les réservaient à un public fortuné et/ou professionnel. ↩︎
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Bon, la NSA passera sur tout ce que vous faites, mais si vous ne restez pas en local au sein de votre entreprise (et donc, dès que vous échangez le moindre mail), c’est peut-être déjà le cas. Les boites noires installées chez vos FAI feront probablement pareil, d’ailleurs. ↩︎
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C’est par exemple l’approche retenue pour le développement de PHP, où le dépôt officiel est hébergé par php.net, avec un miroir sur Github qui permet de bénéficier des interfaces correspondantes, dont le mécanisme de pull-requests. ↩︎