Développeur : plus que du 9h-18h !

3 juin 2015travail
 Cet article a été rédigé il y a plusieurs années et peut ne plus être tout à fait à jour…

Je me souviens d’une conversation, il y a plusieurs années de cela, alors que je ne travaillais pas encore depuis bien longtemps, avec un chef qui faisait remarquer que les développeurs ne bossaient pas depuis chez eux, puisqu’ils avaient des PCs fixes1.

Avec un peu de recul, j’ai noté que les développeurs que j’avais autour de moi tenaient leurs horaires – et pour certains, faisaient nettement plus d’heures que ce qui aurait été dicté par la raison. En ne considérant que le nombre d’heures passées au bureau2, ils n’avaient donc rien à se reprocher3.

Mais ce qui n’était vu de personne, hormis d’une partie de leurs collègues eux-aussi développeurs, c’était le temps investi, souvent le soir et/ou le week-end, en veille technique !


Pour donner un exemple précis avec des données quantifiées : une année, j’avais pris deux semaines de vacances pour Noël. Au début de ces deux semaines, j’avais 4894 articles à lire dans mon ReadItLater. À la fin des vacances, j’avais vidé ma liste d’articles à lire5 et j’avais donc dépilé de l’ordre de 500 articles en deux semaines (puisque, sur cette durée, j’en ai aussi lu qui n’étaient pas dans cette liste au départ).

En comptant une moyenne de cinq minutes par article6, ça représente environ 40 heures de veille (soit une semaine de travail) étalées sur deux semaines.

En approchant les choses différemment : si vous passez une demi-heure à dépiler vos flux RSS en buvant votre café en vous levant le matin et une autre demi-heure à expérimenter quelques bouts de code sur votre temps de pause midi, ça fait une heure par jour – soit cinq heures par semaine et 20 heures par mois. Autrement dit, à raisons de deux demi-heures par jour, vous en êtes déjà à cinq à six semaines de veille par an7 – soit plus que le compte de base de congés payés !


Souvent, pour une entreprise, à court terme, ce qui semble rapporter de l’argent (ou, du moins, ce qui est visible et facilement mesurable) est le temps passé au bureau par les développeurs8, à travailler sur les projets fixés par celle-ci. C’est normal, après tout : c’est la plus grosse partie du métier de développeur tel qu’il est vu par beaucoup de non-techniciens.

Toutefois, ces 35 à 40 heures hebdomadaires sont nettement complétées, pour de nombreux développeurs, par d’autres activités – qui sont elles-aussi en rapport avec leur métier9 : veille technique, lecture d’articles, de blogs et de livres, participation à des conférences (dans le public ou en tant que conférenciers), rencontre d’autres développeurs à des événements communautaires, …

Tout ce temps, aujourd’hui, n’est que trop rarement valorisé. Alors que sans ce réel investissement réalisé par les développeurs qui aiment tant leur métier10, bien des projets et des équipes n’avanceraient pas comme ils le font aujourd’hui !



  1. Sous-entendu : PCs fixes que les développeurs ne pouvaient pas emporter chez eux pour travailler, contrairement à lui avec son portable. ↩︎

  2. Et le nombre d’heures passées au bureau est, dans certaines entreprises, le moyen utilisé pour déterminer si un développeur fait correctement son travail. ↩︎

  3. Ça me rappelle un peu la fois où je quittais le bureau aux environs de 19h et où un chef (qui n’avait aucun lien hiérarchique avec moi !) m’avait fait “tu as pris ton après-midi ?”. Ceux d’entre vous qui me connaissent suffisamment savent que j’ai tendance à prendre un peu trop de remarques au premier degré (mes collègues actuels ont fort gentiment créé un panneau “SARCASM” pour moi, alors que ça ne faisait encore que quelques jours que j’avais été embauché…) et pourront sans mal imaginer la tronche que j’ai tirée… ↩︎

  4. Oui, j’avais noté combien d’articles j’avais : j’étais curieux de voir si j’allais arriver au bout et en combien de temps – et j’ai gardé ce nombre sous le coude, en pensant à cet article que j’allais peut-être écrire un jour. ↩︎

  5. Ça remonte à plus de trois ans… Et depuis, je n’ai jamais réussi à revenir à 0 article à lire ;-( ↩︎

  6. Je n’ai pas tout chronométré : certains articles longs ont été lu en profondeur et d’autres ont été diagonalisés très rapidement – je compte donc entre 1 minute et 15 minutes par article, soit une moyenne qu’on doit pouvoir caser aux environs de cinq minutes. ↩︎

  7. Et vous noterez que je n’ai pas compté de temps sur les week-ends ;-) ↩︎

  8. entre 9h et 18h, ou plus, pour ceux qui n’auraient pas réalisé que pousser les équipes à l’épuisement ne produit rien de bon sur le long terme ! ↩︎

  9. Et beaucoup de ces activités constituent une forme d’auto-formation, dont l’employeur bénéficie forcément ! ↩︎

  10. C’est peut-être une partie du problème : avoir un métier qui est également, sous certaines formes, une passion↩︎