Moi, 30 ans, développeur — et je n'ai pas raté ma vie !

11 mai 2015travail
 Cet article a été rédigé il y a plusieurs années et peut ne plus être tout à fait à jour…

J’ai débarqué dans le monde du travail par une belle matinée1 de janvier 2006 – lundi 30 – pour le premier jour de mon stage de fin de master.

Les étoiles plein les yeux, quand mes nouveaux collègues me demandaient ce que je voulais faire ensuite, je répondais, bien évidemment, « je veux devenir chef de projet ». Après tout, même si les nuits blanches passées à coder sur les années précédentes m’avaient laissé de très bons souvenirs2, nombreux étaient ceux qui sortaient de l’école3 en voulant évoluer – et ce rapidement !

À la fin de mon stage, j’ai été embauché. Étrangement, après avoir fréquenté un peu le monde du travail et vu ce à quoi mes collègues occupaient de leurs journées, cela faisait quelques mois que je n’avais plus dit que je voulais devenir chef de projet : même si je n’avais pas vraiment bossé avec les technos les plus cool4, construire quelque chose était tellement fun ! Bien plus que remplir des .doc ou des .xls ou négocier des quarts de journées avec le client5 !


Plusieurs années se sont écoulées, je suis tour à tour devenu « ingénieur concepteur et développeur », « expert technique », « architecte », « développeur senior »6. Et je suis maintenant « développeur ».

En parallèle, j’ai changé plusieurs fois d’employeur, partant d’une SSII de 2000+ employés pour arriver dans une startup où j’ai une quinzaine de collègues, en passant par un éditeur regroupant une cinquantaine de personnes – chaque entreprise accordant moins d’importance aux titres, et plus d’importance aux réalisations, que la précédente.

D’ailleurs, voila plusieurs années que, travaillant en méthodes agiles, le terme de « chef de projet » ne fait plus partie de mon quotidien : l’idée de chef a été remplacée par des rôles différents7 (scrum master, product owner, développeur, …), tous collègues au même niveau hiérarchique, constituant une équipe qui vise à mener ses projets à bien8 !


Mais si évoluer n’est pas nécessairement devenir chef de projet – ce qui, d’une certaine manière, revient à changer de métier – dans les trois ans qui suivent le début de sa vie professionnelle, comment est-ce que ça se passe ?

Peut-être que évoluer, c’est aussi savoir tirer profit de son expérience ? Pour être plus efficace dans son travail, pour avoir une vision à plus long terme de ses projets, pour mettre en place des architectures ou du code plus maintenable, pour être là pour ses collègues… Et pour, finalement, aider l’ensemble de son équipe à évoluer ?

Peut-être que, en fait, ce n’est pas non plus avoir un titre pompeux sur sa carte de visite ou son CV ?


Vous vous souvenez quand, au moment de « si à 50 ans on n’a pas une Rolex, c’est qu’on a raté sa vie », on disait « si à 30 ans tu es encore développeur, c’est que tu as raté ta vie » ? Déjà en 2009, ça faisait quelque peu sourire…

Aujourd’hui, je fais un métier qui me plait, je vais au travail tous les jours en sifflotant et sans traîner des pieds, je bosse dans une boîte sympa, j’ai des collègues que j’apprécie – et même si je ne suis pas chef comme j’aurais dû l’être si j’avais écouté les autres il y a dix ans… C’est ce qui compte, non ?

Je peux donc, aujourd’hui9, affirmer fièrement : j’ai 30 ans, je suis développeur, je n’ai pas raté ma vie !



  1. Je dis belle matinée, mais je ne saurais plus me rappeler du temps qu’il faisait ; je sais juste qu’il y avait de la neige en fin de semaine, je me souviens être resté coincé dans un train pendant deux heures à cause de ça le vendredi. Quoi qu’il en soit, j’attendais la fin de mes études avec une certaine impatience : je voulais faire quelque chose d’utile – donc, c’était une bonne journée↩︎

  2. Les week-ends et autres nuits blanches passés à jouer à Starcraft en LAN avec les collègues (un des avantages d’habiter dans une résidence quasi-étudiante pas loin du campus) sont un autre excellent souvenir ;-) ↩︎

  3. Quand la normalité semble être « devenir chef de projet » et qu’on ne connait pas grand chose au monde du travail ou aux différents métiers et ce qu’ils représentent exactement, le plus facile et le plus prudent est de s’orienter sur ce discours normal… ↩︎

  4. J’ai passé les 2/3 de mon stage sur de l’ASP pas NET, avant de passer sur du .NET 1.x et un tout petit peu de .NET 2 – 2006, hein ;-) ↩︎

  5. Oui, je simplifie beaucoup le rôle du chef de projet ! Rappelez-vous que ça ne faisait que quelques mois que je bossais ; et pas vraiment sur des gros projets. Finalement, je ne connaissais rien du métier de « chef de projet », si ce n’est qu’il y avait « chef » dedans, je crois… ↩︎

  6. J’ai bien eu du mal à l’expliquer à la médecin du travail, le coup du développeur sénior. Je continue à me demander si elle a saisit de quoi il s’agissait, d’ailleurs : en récupérant le papier après, j’ai vu qu’elle avait écrit « développeur séniors ». Qu’a-t-elle cru que je faisais comme métier ? ↩︎

  7. Ca m’a fait tout drôle lorsque j’ai assisté à une réunion de plannification pour la première fois, de voir que ce n’était pas le chef de projet (inexistant, pour cette équipe ! Alors qu’il était souvent tout puissant dans l’équipe que j’avais quitté deux semaines plus tôt !) qui décidait combien de temps devait être alloué à une tâche, mais bel et bien les développeurs, responsables de son implémentation, à qui on faisait confiance pour estimer le temps nécessaire ! ↩︎

  8. Même si on l’oublie parfois, mener nos projets à bien est ce pour quoi nous sommes généralement employés ;-). Cela signifie produire des logiciels qui répondent aux besoins des clients, en un temps (qui peut être un des besoins) acceptable, avec des contraintes de coût et de rentabilité (idem), tout en arrivant à quelque chose de maintenable, idéalement en s’étant fait plaisir au passage – une équation parfois complexe ! ↩︎

  9. Bien sûr, libre à moi de changer complètement d’avis (ou de métier) demain. Ou l’année prochaine. Ou dans 10 ans ;-) ↩︎