Mon processus d'écriture

19 octobre 2020ecriture, blog
 Cet article a été rédigé il y a plusieurs années et peut ne plus être tout à fait à jour…

Quand j’écris un article de blog, un chapitre d’un livre ou une page de documentation au boulot, mon texte passe par plusieurs étapes. J’itére pour raffiner mes pensées et leur formulation. Je commence par des notes, qui mènent à un premier brouillon, qui évolue jusqu’à un second brouillon, pour enfin donner naissance à un article, à un texte, que je publie.


La première étape : des notes, très basiques

Photo par Nick Morrison, sur Unsplash


Des notes, plein de notes !

Un article commence par des notes. Souvent, trois ou quatre grandes idées. Qui pourraient tenir dans un tweet. Ou qui mériteraient d’être approfondies et évolueront peut-être chacune en un paragraphe ou une section. Ou même un chapitre !

La première étape : des notes, très basiques

La toute première étape d'un article : des notes, très basiques

Ces notes vont d’idées de titres, comme ci-dessus, à des détails comme des chiffres, des captures d’écran ou des citations. Elles comptent des points que je supprimerai ou qui donneront naissance à d’autres textes.

Mon objectif à cette étape est de rassembler suffisamment d’idées pour être convaincu que je saurai en tirer un plan, à partir duquel je pourrai rédiger un article. Souvent, le plan se construit tout seul, au fur et à mesure que les notes s’enrichissent et se trient…

Des notes, déjà plus remplies

Un autre exemple, plus avancé : j'ai des idées, pour chaque future section

J’ai des notes qui datent d’il y a plusieurs années. J’en fais vivre certaines de temps en temps1. D’autres se sont arrêtées à quelques mots il y a quatre ans2. Certains sont un peu entre deux feux, avec suffisamment d’idées pour passer à l’étape suivante, mais n’avancent pas car je ne suis pas suffisamment convaincu par mon sujet ou parce qu’il ne me fait plus envie…

Créer une note est rapide : ça peut être la dernière idée du jour avant de s’endormir, une idée arrivée quand je prends ma douche3, une pensée que j’ai en lisant un article ou voyant une conférence… J’essaye, autant que possible, de noter ces idées quand je les ai, parce que je sais qu’elles passent rapidement et que je vais les oublier.


Un premier brouillon

Quand j’ai suffisamment de notes, mon document se transforme en un premier brouillon. Cette étape se fait souvent en plusieurs sessions, petit à petit. De haut en bas beaucoup. Mais pas que.

Cela peut être via une évolution en douceur où je finis par réaliser que, ça y est, j’ai un brouillon rédigé, ou via une décision consciente de commencer à rédiger. Le plan découle des notes de l’étape précédente… Et il s’affirme alors que j’écris.

Au fil de plusieurs passes de rédaction / relecture / retouches, j’ajoute des notes de bas de page. Elles remplacent souvent des informations notées entre parenthèses, ou ajoutent des précisions.

J’ajoute parfois des illustrations ou des exemples. D’autres fois, j’en supprime. Objectif : qu’elles s’intègrent au contenu et l’accompagnent, soient utiles et apportent des informations. Pour certaines illustrations, les plus complexes ou les plus longues à préparer, je note juste où elles s’inséreront sans les créer immédiatement. Je trace parfois un brouillon à main levée sur un bout de papier que je photographie. Mais, à cette étape, je n’y passe pas trop de temps : je ne suis pas sûr de les conserver !

J’arrive finalement à des sections, ordonnées. Dans chaque section, des paragraphes. Dans chaque paragraphe, des phrases. Certaines sont encore trop longues ou s’enchainent mal, mon texte contient des répétitions (de mots, voire même d’idées) et des lourdeurs.

Aujourd’hui, j’ai dans les 70 documents à l’état d’idées, en incluant mes notes (plus de 3/4 des documents) et mes premiers brouillons.


Le second brouillon

Après quelques jours, semaines, ou mois, si l’idée me semble toujours intéressante, je retravaille mon brouillon. Son contenu ne va pas évoluer, mais sa formulation va changer. Le but de cet étape est de rendre mon article plus lisible.

Je vais appliquer, entre le premier et le second brouillon, quelques bonnes pratiques4.
Je vais raccourcir des phrases, éliminer des répétitions, supprimer des mots — comme des adverbes. Je vais aussi, parfois, jouer avec mes mots et phrases.

Ici aussi, je déplace des détails et explications vers le bas de page. Le texte est ainsi plus facile à lire. Les lecteurs qui veulent en savoir plus peuvent parcourir ces notes.

Sur les premiers chapitres de mon livre Le Plan Copenhague, j’ai enlevé 25% de mots entre le premier et le second brouillon… Sans supprimer de contenu ! Uniquement en reformulant, ré-organisant des paragraphes et écrivant plus court !

Pour cette étape, je fais plusieurs passes. Deux ou trois. En autant de jours. À chaque fois sur l’article entier.

À la fin de cette étape, je crée les illustrations : elles demandent beaucoup de travail et je ne passe pas une heure sur un schéma tant que je ne suis pas certain de le conserver dans l’article !
C’est aussi vers la fin de cette étape5 que j’utilise des outils comme Antidote pour améliorer la qualité de mon texte.

J’ai souvent un ou deux brouillons dans cet état, en attente de passer à l’étape suivante.


Enfin, la publication d’un article

Le second brouillon terminé, il ne me reste plus qu’à décider de publier ! Et, non, ce n’est pas toujours facile…

Je fais alors une dernière relecture, où je ne change que très peu de choses : je supprime encore une ou deux lourdeurs ou répétitions, corrige quelques fautes de frappe. Pour certains textes, notamment professionnels, cette ultime relecture peut être effectuée par un collègue qui s’assurera que mon écrit est compréhensible.

À cette étape, je retouche encore le titre6 : ces quelques mots doivent le résumer tout en étant accrocheurs et pas menteurs. Après tout, ils seront repris sur Twitter et ailleurs…

Enfin, il ne me reste plus qu’à publier.


Et combien de temps ça prend ?

Je ne sais pas (encore?) écrire un article en une seule passe7 et ce processus, très itératif, prend du temps.

En généralisant, voici le temps que je passe sur chaque étape :

  • Les notes : de nombreuses fois quelques minutes.
  • Le premier brouillon : pour un article « court » (celui-ci étant de taille « moyenne »), quelques soirées ou pauses midi – entre 2h et 8h.
  • Pour le second brouillon : à peu près pareil.
  • Pour l’ultime relecture et la publication : entre une et quatre heures.

Et en termes de délai :

  • La phase de prise de notes peut durer quelques jours… à quelques années. En y travaillant plus ou moins fréquemment. Difficile de généraliser.
  • J’attends minimum une ou deux semaines entre le premier et le second brouillon.
  • J’attends quelques jours à quelques semaines entre le second brouillon et la relecture.

Bref, j’ai encore des progrès à faire si je veux réussir à poster un article toutes les semaines8 ou dépiler ma liste d’idées !


Le mot de la fin ?

En écrivant cet article, j’ai réalisé que je suis les mêmes étapes quand je prépare une conférence ;-)



  1. J’ai une idée autour des vacances, en 3G (ou 4G maintenant) pas très performante, qui me revient une ou deux fois par an… J’ai de quoi râler sur les sites et applications trop lourdes qui ne parviennent pas à s’afficher deux fois sur trois… Mais “faites des sites moins lourds” me semble tellement évident que, depuis des années, je n’ai toujours pas pris le temps d’aller plus loin que des notes… ↩︎

  2. Autre exemple, j’ai une note « Disquettes et pragmatisme » suite à lecture de https://www.cnbc.com/2016/05/25/us-military-uses-8-inch-floppy-disks-to-coordinate-nuclear-force-operations.html ↩︎

  3. Je réfléchis sous la douche… Au point, bien trop souvent à mon goût, de ne même pas savoir si je viens seulement de me mouiller les cheveux ou si je viens de les rincer après les avoir shampooinés :-/ ↩︎

  4. Que ce soit sur Internet ou dans des livres comme On Writing Stephen King. ↩︎

  5. Mais pas à tous les coups. Cela prend du temps. Et je ne souhaite pas toujours aller jusque là. ↩︎

  6. Je me demande si ce quelques mots – le titre – ne sont pas les plus difficiles à écrire, même l’article avait commencé par ne contenir qu’un titre (qui a évolué depuis) ! ↩︎

  7. Certains affirment qu’ils ont toujours écrit leurs articles en une seule fois, d’autres indiquent que cela leur est venu avec l’expérience, alors que les derniers estiment que ce n’est pas leur façon de penser. Je crois être dans le dernier groupe. ↩︎

  8. Quand je vois d’autres auteurs réussir à écrire – et surtout publier – un article par semaine, je suis un petit peu jaloux… J’ai clairement du boulot devant moi ;-) ↩︎