Conférencier, conférencière : quand vous êtes dans le public, aidez la personne sur scène !

15 septembre 2022speaker

Dans une salle de conférences, je vois deux types de personnes :

  • celles qui sont montées sur scène auparavant et qui savent ce que ça fait ;
  • et celles qui n’osent pas encore, qui tremblent à l’idée de ce que ça leur ferait ou fera.

Vous avez déjà parlé en public ? Vous êtes conférencier ou conférencière ?
Vous êtes mieux placée que qui que ce soit pour aider vos collègues !


Sur scène, face à des centaines de paires d’yeux, la place de speaker est un centre de solitude.
Le poids de la salle est immense, la peur de dire une bêtise vous torture, l’idée de trébucher vous hante.

On s’habitue, plus ou moins, à cette solitude, surtout après avoir joué l’exercice quelques fois.
Mais vous vous rappelez sans doute de votre première montée sur scène : 15 ans après, même si certains détails sont flous, je n’ai pas oublié la mienne !


Je conseille régulièrement aux speakers juniors que je mentore de demander à des collègues s’ils ou elles peuvent s’installer au premier rang, devant la scène, pour leur fournir des visages familiers, des sourires rassurants.

Pourquoi le premier rang ?
Parce que, dans une grande salle de conférences, les projecteurs empêchent souvent de voir plus loin 🤣. Aussi, dans une grande salle toujours, se concentrer sur des personnes qui ne sont pas juste devant nous est difficile…


J’ai réalisé le pouvoir d’un soutien dans le public quand Nicolas Afresne, un collègue à l’époque, est venu me parler après avoir présenté un LFT1 — et ce n’était pas son premier et j’aimais beaucoup sa façon de s’exprimer, très différente de la mienne !

Je ne me souviens plus de ses mots exacts et la formulation est donc mienne : il m’a signifié que chaque fois qu’il regardait vers moi, il croisait mon regard et voyait que je souriais aux moments où il en avait besoin ou à ses blagues. Mais aussi, que je hochais la tête comme si j’étais d’accord avec ce qu’il disait, et que c’était rassurant. Il m’avait ainsi utilisé comme point d’ancrage à certains moments de doute.

Je n’avais pas eu le sentiment de faire tout ça… Mais ça m’a fait réfléchir. Sans doute, alors que je parlais régulièrement en public depuis une dizaine d’années, j’avais commencé à me mettre dans sa peau, à ressentir ce qu’il éprouvait ?


Depuis, en écrivant cet article, j’ai rediscuté avec Nicolas et il m’a précisé sa pensée.
Ce qu’il dit est fort intéressant, je vous le livre donc tel quel, avec son accord :

Quand je talk, le public devient « flou », le groupe devient un.
J’essaie de « déshumaniser » les spectateurs afin de limiter le stress et cela me permet d’écouter la « respiration » de la salle.

Mais je cherche aussi, avant de commencer à parler, des points d’ancrage dans l’auditoire pour m’en servir comme jauge.
L’objectif est de tester l’impact d’une blague2 ou d’une phrase, mais aussi d’estimer leur attention afin de placer le bon silence ou la bonne catch phrase.


Donc, vous qui êtes speaker, vous qui savez ce que ça fait, vous qui connaissez la solitude de la scène et le poids de la salle : aidez la personne en face de vous, montrez-lui que vous êtes là pour elle !


Source de l’illustration de cet article : Terren Hurst sur Unsplash



  1. LFT = Last Friday Talks, une journée de talks que nous faisons le dernier vendredi du mois (un mois sur deux), au boulot. ↩︎

  2. Par exemple, en l’absence de rédaction audible de la salle lors d’une plaisanterie, regarder les personnes repère permet de voir si elle a vraiment fait un flop ou si vous pouvez laisser encore un peu de temps pour que le public réfléchisse. ↩︎