Speaker : quel format et quelle durée pour ma conférence ?

7 septembre 2017speaker, conference
 Cet article a été rédigé il y a plusieurs années et peut ne plus être tout à fait à jour…

Il se peut que vous ayez à choisir la durée de votre conférence. Peut-être devrez-vous indiquer celle-ci lorsque vous répondrez à un CfP ? Le format de votre intervention dépendra d’ailleurs partiellement de cette durée. J’ai moi-même vu ou pratiqué une demi-douzaine de durées différentes.

Le lightning talk : ~5 minutes

Certains évènements proposent une suite de plusieurs lightning talks, de quelques minutes chacun1. Ils sont souvent utilisés pour clore une journée avec des sujets plus détendus, ou des présentations aux sujets un peu plus éloignés de la ligne éditoriale de l’évènement.

La durée d’un lightning talk est généralement strictement fixée : vous serez coupé une fois celle-ci écoulée, pour laisser place à la personne qui passe après vous. Vous devez donc parfaitement maitriser votre timing !

Si vous souhaitez vous lancer2, trouvez un sujet bien ciblé ou orienté détente, puis répétez encore et encore, en itérant à la fois sur la durée et sur le contenu. Celui-ci doit être suffisamment percutant pour attiser la curiosité du public (et lui donner envie de fouiller par lui-même plus longuement par la suite), tout en demeurant suffisamment accessible pour être compris presque instantanément. Dans la même logique, si vous projetez quelques slides, limitez leur nombre, pour qu’ils restent affichés suffisamment longtemps pour être compris.

La conférence courte : 15-20 minutes

C’est un des deux types de conférences que je vois le plus souvent lors des évènements auxquels j’assiste ou je suis conférencier : entre 15 et 20 minutes, parfois avec un peu de temps pour quelques questions du public.

J’aime beaucoup ce format : il permet de présenter en profondeur un point bien spécifique3, ou, à l’inverse, d’effectuer un large balayage de surface4.

Ce format est souvent choisi par les speakers qui sont sur le point de donner leur première conférence5, puisqu’il semble plus accessible et moins effrayant que d’autres. Deux arguments que j’entends souvent sont « si le sujet n’est pas intéressant, le public m’en voudra moins que si j’avais duré 3/4 d’heure » et « pour une première fois sur scène, 20 minutes, ça me semble plus facile ».

La conférence de 40 minutes à 1 heure

Le format le plus classique est une conférence longue : généralement, entre 40 minutes et une heure.

Sur cette durée, vous pouvez raconter une histoire, partager un retour d’expérience, donner de nombreux détails et présenter plusieurs points en profondeur, voire même reproduire quelques exemples de code.

Au rang des difficultés qui viennent avec ce type de conférence, il faut veiller à ne pas parler trop vite pour ne pas durer moins longtemps que prévu6 et, surtout, il ne faut pas endormir le public ! Être deux intervenantes ou intervenants et se passer régulièrement la parole est une approche qui fonctionne souvent assez bien sur ce point.

Cette durée permet de rentrer en profondeur dans votre sujet. Vous pourrez présenter une problématique puis détailler les solutions mises en œuvre. Pour peu que le sujet intéresse le public, il devrait apprendre des choses ;-)

Le format long : une heure et demie

Il est très rare de voir des conférences plus longues. Le public n’a quasiment aucune chance de rester concentré pendant plus de 45 minutes sur un sujet. Les organisateurs ne peuvent caser que peu d’interventions aussi longues sur une journée. Et si une intervention d’une heure et demie est endormante, c’est compliqué pour le public ^^.

En fait, les seules fois où j’ai vu ou donné des conférences de ce type, c’était sur des évènements gratuits, en soirée, quand les organisateurs avaient fait venir une conférencière de loin et avaient donc dû trouver un financement pour le déplacement et l’hébergement7. Dans ces circonstances, il faut rentabiliser.

Sur une présentation aussi longue, une approche qui peut marcher est de placer quelques petits travaux pratiques ici et là, pour les personnes dans le public qui ont pris leur ordinateur. Une autre idée est de ne pas donner une seule longue conférence, mais plusieurs plus petites qui se succèdent, sur des sujets proches et liés, mais toutefois différents. Un peu d’humour de temps en temps, ainsi que des questions posées au public ici et là, aident à garder la salle éveillée.

Parler pendant une heure et demie est fatiguant et difficile lorsqu’on n’a pas l’habitude – et ce n’est pas ce qu’on fait tous les jours au bureau. C’est un exercice intéressant, mais je le déconseille à quelqu’un qui n’aurait pas déjà donné quelques conférences auparavant ;-)

L’atelier : une demi-journée

En parallèle des conférences ou lors d’autres évènements, vous aurez peut-être l’option d’animer un atelier. En général, une dizaine de personnes, dans une salle de taille plus réduite, pour une demi-journée ou une soirée. C’est l’occasion d’échanger plus longuement avec les participants8, d’étudier un sujet plus en profondeur et de mettre en application le savoir plus théorique qui a peut-être été présenté lors d’une autre conférence.

Chaque participant vient avec sa machine et il vous faudra voir (le plus tôt le mieux) avec les organisateurs si vous avez besoin d’une connexion Internet, d’un switch réseau ou d’un second projecteur, de rallonges électriques… Anticipez au maximum l’installation des machines de chacun9 pour perdre le moins de temps possible au début de l’atelier. Prévoyez également quelques solutions de repli : serveur sur votre machine si la connexion Internet est défaillante, connexion 3G de secours, clés USB avec les différents logiciels requis…

Pour un atelier, j’aime travailler avec des slots de 25 à 30 minutes. Chacun de ces slots commence par quelques minutes de théorie, puis l’énoncé d’un exercice pratique, avant de passer à la réalisation de celui-ci10 et enfin, une proposition de correction11. Il est important de faire des vraies pauses (où chacun quitte physiquement sa machine) et d’avoir le corrigé de chaque slot disponible (par exemple, sur github) pour permettre à ceux qui ne réussiraient pas un exercice de repartir du corrigé pour le suivant. Enfin, pensez que le niveau des participants peut être très variable et simplifiez donc à l’extrême12 tout ce qui ne constitue pas le cœur de chaque exercice.

Enfin, une note pour les organisateurs : les places (en nombre limité) partent souvent très vite, mais elles sont souvent prises par les mêmes personnes13, qui ne sont pas toujours celles qui apprendront le plus lors de l’atelier. Est-ce que réserver deux places à des étudiants, en communiquant auprès d’une école d’informatique locale, ne serait pas intéressant ? Cela aiderait à attirer du nouveau public, à partager le savoir et à intégrer des futurs professionnels de nos métiers à la communauté…

La formation : plusieurs jours

Pour terminer : c’est un peu différent de la conférence et je n’en parle donc pas plus longuement, mais c’est assez similaire à l’atelier, avec un mélange de théorie et de pratique. J’ajouterais que donner une formation est très intéressant, puisque cela permet d’échanger, longuement, avec chaque participant.

Si vous avez déjà animé un atelier et que vous avez aimé, il y a de bonnes chances que donner une formation vous plaise également – et inversement !


Bref, au moment de répondre à un CfP, vous avez le choix entre plusieurs formats et durées. Avez-vous envie d’entrer en détail dans un sujet ? De raconter une histoire plus longue ? Ou souhaitez-vous plus de pratique et d’échanges ? À vous de choisir ;-)


Je participe occasionnellement à des conférences. Cet article fait partie d’une série où je partage mon expérience de speaker, en espérant que ces retours et/ou conseils vous aideront à vous lancer !



  1. J’ai souvent vu des LT de 5 minutes. Je crois me rappeler d’un évènement où chaque présentation durait 7 minutes. ↩︎

  2. Je n’ai jusqu’à présent (septembre 2017) jamais moi-même présenté de lightning talk : le format m’effraie quelque peu, d’autant qu’il me faut habituellement quelques minutes sur scène avant de me détendre ^^. ↩︎

  3. Comme exemples de conférences courtes ciblées sur des sujets techniques bien spécifiques, je pense à « Les flux : méconnus et sous-utilisés, Forum PHP Paris, 23 novembre 2015 » ainsi qu’à « Sysdig : une introduction, AFUP Lyon, 21 septembre 2016 »↩︎

  4. Pour une conférence courte en mode balayage d’un sujet, je pense à « Le café, cette drogue qui propulse nos métiers, AFUP Lyon, 22 juin 2016 », où j’ai successivement parlé de l’origine du café, de ses effets sur le cerveau et fait un retour d’expérience. ↩︎

  5. A l’AFUP Lyon, nous organisons une ou deux fois par an une soirée composée de 4 ou 5 conférences courtes. Nous en profitons généralement pour encourager des personnes qui n’ont jamais donné de conférence et voudraient se lancer. Bien sûr, nous proposons du mentoring pour celles et ceux qui le souhaitent ;-) ↩︎

  6. Encore une fois : répétez ! C’est à peu près la solution aux problèmes de timing ;-) ↩︎

  7. Comme exemples de conférences longues, j’ai été parler de « PHP 7 et évolution de PHP » à Nantes en 2015 et de « PHP 7.x en général » à Aix/Marseille puis Montpellier en 2017 – alors que je suis basé à Lyon. À chaque fois, j’ai posé des congés pour avoir le temps de faire le déplacement et les organisateurs ont dû payer le train et éventuellement l’hôtel… ↩︎

  8. Je ne parle pas de public, pour un atelier, mais de participants : avec une dizaine de personnes, les échanges vont dans les deux sens, chacun discute avec son voisin, vous pouvez plus facilement répondre aux questions ou passer voir une section de code problématique sur une machine donnée. ↩︎

  9. Une bonne approche est de fournir aux participants une machine virtuelle toute prête ou des instructions d’installation – et ce plusieurs jours à l’avance. ↩︎

  10. La réalisation de l’exercice constitue le gros de la durée de chaque slot. Je passe auprès de chaque participant régulièrement et donne des conseils à haute voix de temps, en temps en fonction de l’avancement de chacun et des difficultés rencontrées. ↩︎

  11. J’ai tendance à live-coder ma proposition de solution en commentant ce que je fais. J’explique ainsi comment j’arrive à celle-ci : c’est plus intéressant que si je la sors d’un chapeau↩︎

  12. Par exemple, si le sujet de votre atelier est « coder un Hello World en PHP », ne présupposez pas que les participants maitriseront git (ni auront un compte github) et docker, ou qu’ils auront la dernière version de PHP installée sur leur machine. Je vous garanti que ça ne sera pas le cas ! ↩︎

  13. Les habitués qui vous suivent sur Twitter et sont les premiers à voir votre annonce ;-) ↩︎