Speaker : le plan et le contenu

5 septembre 2017speaker, conference
 Cet article a été rédigé il y a plusieurs années et peut ne plus être tout à fait à jour…

Vous avez rédigé une proposition de sujet, longue de quelques phrases. Celui-ci a été retenu par les organisateurs. Félicitations ! Vous avez maintenant beaucoup de travail à fournir avant d’avoir une conférence qui puisse être présentée devant son public !

Aujourd’hui, donc quelques mots sur le cœur de votre conférence : son plan, son contenu. Les grandes lignes sont fixées depuis l’instant où vous avez répondu au CfP… Mais tout reste à faire !

Bien avant de penser à comment vos slides vont rendre1, il est temps de réfléchir à votre plan. Où plutôt : de quoi allez-vous parler, précisément et dans quel ordre ?


Idéalement, lors de votre présentation, vous allez raconter une histoire2. C’est une bonne approche pour aider votre public à plonger dans votre sujet.

Dit plus simplement, vous aurez une progression dans votre présentation : une brève introduction, puis un moment pour expliquer où est-ce que les choses en étaient, ce qui allait ou non, avant de poursuivre sur ce qui a été fait pour arranger ça, à quoi vous êtes arrivé. Et vous finirez en indiquant que tout le monde est content, mais qu’il reste bien sûr des pistes d’amélioration.

J’ai volontairement schématisé à l’extrême, mais c’est presque ça ! Quelques exemples3, principalement sur des sujets techniques pour montrer que c’est possible4 :

  • Les nouveautés de PHP 5.6

    • Un rappel de ce qui est arrivé depuis PHP 5 (notamment les espaces de noms en 5.3 ou les générateurs en 5.5) : presque l’antiquité
    • Les nouveautés de PHP 5.6 plus en détail, avec leur utilité
    • Comment monter de version ?
  • À propos de notre environnement de développement (première édition)

    • Des machines virtuelles 100 % faites à la main, l’horreur
    • Passage à Vagrant avec des VM reconstructibles et automatisées
    • On commence à regarder Docker
  • À propos de notre environnement de développement (seconde édition)

    • Des VM à la main puis Vagrant, ça restait galère
    • Tout en Docker, avec un registre privé et tout !
    • On gère les dépendances entre containers nous-mêmes, on a donc encore du boulot pour que ce soit parfait
  • Où même sur le café et comment il agit sur le cerveau

    • Pourquoi je fais cette conf ? Le café, ça vient d’où, ça se produit comment ?
    • Quel effet sur le cerveau ? J’ai arrêté : un retour d’expérience.
    • Mais bon, j’ai rechuté ^^

Sur chacun de ces plans, j’ai à peu près suivi un déroulement logique, en racontant une histoire : d’où je venais, quelle progression j’avais suivie, où j’en étais arrivé et quel chemin je voyais encore devant moi. J’ai plaisir à croire que cela a rendu les conférences plus faciles à suivre, le public ayant des points d’ancrage auxquels se rattacher et une évolution et continuité entre ceux-ci.


Vous l’avez peut-être vu : j’aime bien une approche en trois parties. Un peu grossièrement5 et sans toujours m’en rendre compte, je cible souvent ce découpage :

  • Introduction = 1/8ème du temps
  • 1ère partie : le commencement, ce qui allait ou non = 1/4 du temps
  • 2nde partie : une première solution, “mais” = 1/4 du temps
  • 3ème partie : une autre approche, salvatrice = 1/4 du temps
  • Conclusion = 1/8ème du temps

Sur un sujet très technique, comme « les nouveautés de PHP 7.0 », c’est plus difficile… Et la seconde partie peut être nettement plus grosse que les deux autres, proportionnellement à son importance. Je la sous-découperai souvent en quelques gros blocs, comme « le typage », « la gestion d’erreurs », « les opérateurs », et enfin « le reste ». Regrouper les informations similaires mène à une présentation plus logique dans l’esprit du public et peut faciliter des transitions ou rappels en arrière façon « souvenez vous de ce qu’on a dit tout à l’heure ».


Une fois les grosses parties identifiées, j’aime laisser du temps à mon cerveau pour qu’il y réfléchisse en arrière-plan, sur quelques jours. Les moments sans rien à faire, où vous n’êtes pas déjà activement en train de réfléchir à quelque chose, sont assez merveilleux pour ce genre de réflexion6 ! Par exemple : sous la douche, sur le trajet qui mène au bureau7, juste avant de vous endormir…

Une fois que vous commencez à avoir quelques idées à l’esprit, c’est le moment de travailler à un plan un peu plus détaillé. Vous répartirez alors ces idées dans chaque section. Peut-être même, vous commencerez à les mettre dans l’ordre de votre présentation.

Au bout de quelques itérations, vous devriez avoir une bonne vue du contenu de votre conférence. Assez pour commencer à le partager avec une personne de confiance qui pourrait vous faire quelques retours, même !


Pour ma part, je déduis facilement les grandes parties de mon plan du sujet de ma présentation – peut-être parce que, lorsque j’ai rédigé ma proposition de conférence, j’ai déjà réfléchi à ses grandes sections.

Je note, dans un document texte8, un premier jet de titre pour chacune de ces sections. Et c’est tout !

Sur les jours ou semaines qui suivent, je repasse régulièrement sur ce document pour ajouter des notes : des idées pour chaque section, peut-être un plan plus détaillé avec des sous-sections, des idées de transitions, des informations plus précises trouvées dans un article ou un livre, des brouillons de schémas ou d’illustrations…

Quand je commence à avoir un plan qui me semble raisonnable et assez d’idées de contenus pour présenter mon sujet avec le niveau de détails que je souhaite (en prenant en compte la durée de ma conférence), il est temps de créer un premier jet pour mes slides. Ils seront moches, ne contiendront pas d’illustration, mais me serviront de support pour une première répétition orale.

Chaque répétition est l’occasion de voir si les idées s’enchainent bien, si les sections sont de la bonne durée, si des illustrations supplémentaires aideraient, si du texte doit être ajouté ou supprimé sur les slides. Bref, j’itère régulièrement, pendant plusieurs jours (ou semaines !).

Enfin, une à deux semaines avant la conférence, j’arrête de retoucher le plan, je ne change plus l’ordre de quoi que ce soit. Tout ce que j’accepte de faire, c’est répéter et retoucher des détails.


Je participe occasionnellement à des conférences. Cet article fait partie d’une série où je partage mon expérience de speaker, en espérant que ces retours et/ou conseils vous aideront à vous lancer !



  1. Même si vous pouvez choisir de représenter votre plan sous forme de slides pour mieux le visualiser, d’autres approches sont tout aussi efficaces : post-its, dessins sur un tableau blanc, plan sous forme de titres dans un document markdown… En fait, utiliser des slides est peut-être la plus mauvaise approche possible ! En effet, vous voudrez conserver une partie de ceux-ci jusqu’au bout, alors que vous avez largement le temps de tous les jeter à la poubelle une ou deux fois… Et ne devriez pas avoir peur de le faire ! ↩︎

  2. Bon, j’admets : raconter une histoire, ce n’est pas toujours évident, surtout pour des sujets très techniques… Mais pourtant ;-) ↩︎

  3. Exemples quasi-réels, puisqu’ils correspondent à des sujets que j’ai abordés lors de plusieurs conférences, même si je ne les ai pas toujours présentés ainsi. ↩︎

  4. Et aussi, parce que je donne principalement des conférences autour de sujets techniques ^^. ↩︎

  5. À cette étape de l’élaboration d’une conférence, il est normal d’avoir un découpage grossier : il a encore (largement) le temps d’évoluer ! ↩︎

  6. Avoir de quoi noter pas loin est intéressant, pour mettre sur papier les bonnes idées avant de les oublier ! ↩︎

  7. Surtout si vous êtes à pied ou en transports en commun et que vous faites exactement le même trajet tous les matins : au bout d’un moment, votre cerveau le fera automatiquement et sera alors libre pour réfléchir à autre chose. Si vous êtes en voiture, certes, ce n’est peut-être pas tout à fait pareil. ;-) ↩︎

  8. J’utilise souvent le format markdown, qui permet d’avoir un peu de mise en page pour ces notes, sans non plus qu’elle soit source de distractions. ↩︎