Speaker : la séance de questions / réponses

14 mars 2017speaker, conference
 Cet article a été rédigé il y a plusieurs années et peut ne plus être tout à fait à jour…

Lors de ma toute première conférence, j’étais terrorisé à l’idée de devoir répondre à des questions du public1. Aujourd’hui, j’ai plus confiance en moi et ça va nettement mieux – mais pourtant, je souhaite toujours, ou à nouveau – éviter cette phase de ma conférence.


Certains évènements vous demanderont de prévoir un temps de questions/réponses à la fin de votre présentation, à décompter de la durée de la conférence2.

D’autres ne donneront pas d’indication et vous laisseront libre ; mais le public est habitué à pouvoir poser quelques questions et sera surpris si vous ne lui offrez pas cette possibilité, en particulier si vous n’avez pas utilisé tout le temps qui vous était alloué.

Pour ma part, je raisonne ainsi :

  • Si le public est réduit, la durée souple et le cadre informel3, j’indique dès le début de ma présentation que j’accepte les questions pendant que je parle, puisque nous sommes là pour échanger.
  • Pour une conférence plus formelle, si l’évènement le demande ou que ça semble être dans les habitudes, je réserve quelques minutes à la fin de ma présentation pour essayer de répondre à quelques questions.
  • Si mon speech a duré longtemps ou si la conférence ne prévoit pas de temps de questions/réponse, je peux déclarer, explicitement, que je ne prendrai pas de questions.

Dans tous les cas, j’indique que je suis disponible pour discuter : après ma conférence sur le devant de la salle, puis pendant toute la durée de l’évènement (souvent à proximité d’une réserve de café) – et qu’il ne faut absolument pas hésiter à venir me voir, au contraire !


Entre la fin d’une présentation et la première question, il y a souvent un petit instant de flottement : le temps qu’une première personne ose lever la main et qu’un organisateur lui passe un micro. Je viens de parler pendant plusieurs dizaines de minutes, j’ai la bouche sèche et je profite donc de cette courte pause pour boire quelques gorgées d’eau.

Quand une question arrive, une bonne habitude est de la répéter. Cela montre que vous l’avez comprise ou, du moins, indique à quoi vous allez essayer de répondre. Si la question est longue, vous pouvez la reformuler : cela vous permettra de la découper en plusieurs sous-questions plus courtes et plus simples, à la fois pour vous et pour les autres membres du public.

La tentation de répondre vite pour se débarrasser de la question est grande, mais j’essaye, autant que possible, d’attendre quelques secondes. Cela permet au public d’assimiler la question… Et j’ai ainsi plus de temps pour y réfléchir, menant à une meilleure réponse que si j’avais prononcé la première pensée qui me traverse l’esprit !

Enfin, une petite astuce : je garde la bouteille d’eau à proximité. En cas de question un peu complexe, je bois une nouvelle gorgée : cela me permet de meubler pendant que je réfléchis quelques secondes de plus !


Je n’ai pas une réponse magique qui m’assurerait de toujours savoir répondre – et j’ai toujours un doute quant à ma capacité à improviser. Toutefois, je sais que :

  • Sauf à avoir dit une grosse bêtise pendant ma présentation, le public n’est pas malveillant et il est rare qu’une personne cherche à vous piéger4.
  • Les questions sont liées au sujet de la conférence et je sais de quoi je parle, je connais le sujet. C’est pour ça que je suis là !
  • Malgré tout, j’ai le droit de ne pas savoir : personne dans le public ne s’offusquera si je ne sais pas répondre à une question5 !
  • J’ai aussi le droit de botter en touche ou d’indiquer que je ne souhaite pas répondre à une question6 – auquel cas j’invite souvent la personne qui l’a posée à venir me voir après la conférence pour qu’on en discute.

Parfois, le public ne pose pas de questions. Peut-être que personne n’ose, ou le sujet est encore trop neuf pour avoir été mis en application, voire c’est l’heure de la sieste… Pour ce type de situation, je prépare un peu de contenu en avance : soit pour amorcer les choses7, soit pour apporter quelques informations complémentaires qui seraient normalement venues en réponse à des questions.


Lors de mes premières conférences, j’appréhendais la phase de questions/réponses : j’avais peur de ne pas savoir répondre, de ne pas savoir quoi dire. Maintenant, avec un peu plus d’expérience, ça va nettement mieux et je sais que je m’en sortirai, même si je ne sais pas répondre à certaines questions.

Cela dit, je n’aime toujours pas cette étape – en fait, je n’aime à nouveau plus cette étape ! Pourquoi ? Un peu en vrac, quelques éléments :

  • Une question correspond à un cas très précis. La question est intéressante pour la personne qui la pose (et parfois pour moi également !), mais pas pour la plus grande partie du public, dont le besoin n’est pas suffisamment proche.
  • Quelqu’un met longtemps à présenter son cas. Au moment où je récupère la parole, au fond de moi, je pense « heu, OK, c’est quoi la question en fait ? ». Ce n’est pas très drôle et ça déçoit tout le monde : celui qui a posé la question a l’impression que je n’ai pas compris et le reste du public a arrêté d’écouter.
  • Parler en public est difficile et n’est pas naturel. Poser une question, c’est prendre la parole devant plusieurs dizaines ou centaines de personnes. Ceux qui ont des questions intéressantes n’osent donc souvent pas les poser.
  • L’organisateur qui tient le micro doit courir dans toute la salle pour le donner à chaque personne qui pose une question. Cette personne a déjà commencé à parler et recommence (ou pas). Ou alors, sans micro, la personne ne parle pas assez fort8 et je ne comprends pas la question – la moitié du public non plus.

Bref, je ne suis pas convaincu que terminer par une tentative de séance questions/réponses soit la meilleure conclusion à une conférence – et il m’arrive maintenant, lorsque le format de l’évènement m’y autorise, de sauter cette étape.


Dans tous les cas, je me rends disponible après ma conférence pour discuter avec qui le souhaite ! C’est l’occasion de répondre à des questions qui n’auraient pas été posées en public ou d’approfondir certains points – et, peut-être, de nouer de nouveaux contacts.

Si la salle n’est pas immédiatement occupée par une autre conférence, je reste à proximité de la scène pendant quelques dizaines de minutes. Et au moment de conclure ma présentation, j’ai répété qu’il ne faut pas hésiter à venir me voir et que je serai souvent au niveau d’un des espaces de distribution de café !


Je participe occasionnellement à des conférences. Cet article fait partie d’une série où je partage mon expérience de speaker, en espérant que ces retours et/ou conseils vous aideront à vous lancer !



  1. Bon, en fait, j’étais terrorisé tout court, rien qu’à l’idée de devoir parler en public. Et j’ai « tué mon public » tellement efficacement que je ne crois pas avoir reçu de questions… ↩︎

  2. Vous devrez tenir compte de la durée attendue pour cette phase de questions / réponses lorsque vous préparerez votre conférence, qui sera donc plus courte que vous ne le pensiez au départ ! ↩︎

  3. Avec dix à vingt personnes, dans un cadre détendu, les membres du public osent plus facilement intervenir que dans un amphithéatre où ils sont plus éloignés du conférencier. ↩︎

  4. D’une part, vous avez rarement une personne malveillante dans le public. Et, d’autre part, quelqu’un qui poserait une question visant ouvertement à vous piéger s’exposerait également au jugement du reste du public. ↩︎

  5. Auquel cas, il suffit d’avouer qu’on ne sait pas répondre à cette question (parce qu’on n’a jamais été face au cas, parce qu’on n’a jamais eu le besoin…). Attention à ne pas donner une réponse au hasard qui serait à côté de la plaque↩︎

  6. Il y a des sujets dont je peux souhaiter ne pas parler, ou ne pas parler en public. Par exemple, je ne balancerai pas le nom d’un prestataire ou collègue ayant fait une boulette, ça n’avancerait à rien et ne serait pas juste↩︎

  7. Une idée qui permet parfois de réveiller le public est de poser une question attendant une réponse à main levée – ou, mieux, à main baissée pour pousser tout le monde à bouger. Par exemple : « Levez la main, tous ! Allez, on lève la main ! Et maintenant, ceux qui n’ont jamais utilisé XYZ baissent la main ! OK, je vois qu’un tiers de la salle connait. Vous avez utilisé ce truc, je sais ce que c’est… Et je suis convaincu que vous avez quelque chose à partager ! » ↩︎

  8. Quand on est dans l’audience, difficile de juger à quel point il faut parler fort pour être entendu depuis la scène et le reste de la salle – y compris par les gens assis au fond ou derrière la personne qui s’exprime. ↩︎