Transcript de ma conférence « Préparez et donnez votre premier talk » à Sunny Tech 2022

6 septembre 2022conference, transcript

Le 1er juillet 2022, j’étais à Sunny Tech, pour ma conférence « Préparez et donnez votre premier talk ». J’ai déjà donné cette présentation plusieurs fois en différents formats et durées et elle a été enregistrée en vidéo au moins à deux occasions :

Je sais que tout le monde n’accroche pas avec le format vidéo et que beaucoup préfèrent du texte, donc, ci-dessous, une tentative de transcript de cette conférence telle que je l’ai donnée à Sunny Tech – en version courte, donc.


Vous trouverez en-dessous de chaque slide le texte qui lui correspond, parfois enrichi d’informations que je n’ai pas données lors de la présentation ou qui ne sont pas visibles dans les slides – parce qu’elles sont passées par ma gestuelles ou par des animations / transitions invisibles avec ces images figées. Le style est volontairement assez proche de l’oral.


Bonjour à toutes, bonjour à tous.

Je m’appelle Pascal, je suis Principal Engineer et, aujourd’hui, je ne vais pas vous parler de quelque chose directement lié à mon boulot. Aujourd’hui, je vais vous parler de… parler. De préparer et donner votre première conférence.

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Mais, avant de commencer, j’aimerais nous poser une question. Une question que nous nous posons depuis des millénaires…

Pourquoi sommes-nous ici ?


Bon, si on réduit un peu le périmètre de cette question… En 2019, Jetbrains a demandé aux membres de sa communauté pourquoi ils allaient en conférence. C’était avant le Covid et l’essort des conférences à distance, qui ne faussent donc pas ces chiffres.

90% du public va en conférence pour apprendre des choses !
53% des gens vont rencontrer leurs pairs.

Et 40% et 20% y vont pour l’ambiance et pour voyager.
Il faut admettre que c’est plutôt sympa ici, tant le climat, que le cadre, que les personnes que j’ai pu rencontrer !


Dans l’autre sens : pourquoi monter sur scène et prendre la parole ?

Et bien, pour partager votre expérience, pour faire progresser notre communauté. Pour améliorer votre communication, aussi : si vous savez parler clairement devant des dizaines ou centaines de personnes, cela vous servira sans doute dans votre vie professionnelle ! Et puis, bien sûr, c’est aussi un moyen de rencontrer des gens, de leur montrer que vous faites des choses intéressantes. Vos prochains collègues sont peut-être dans la salle ;-)


Cela dit, il n’y a pas de conférence sans sujet – enfin, quoique…
Donc, le sujet !

C’est le moment où je discute avec des collègues, avec des membres de la communauté…


Et là, bien trop souvent, vous me dites « mais je n’ai rien à dire, je n’ai rien d’intéressant à partager ! ».

Et bien, je suis convaincu que vous vous trompez, voire que vous vous mentez !


Vous vous levez pour aller au bureau 220 jours par an.
Dans nos métiers et en ce moment, je ne peux pas croire que vous ne faites rien d’intéressant ! Sinon, il est peut-être temps de suivre les conseils de la conférence précédente (qui parlait de changer d’employeur / de poste)

Quelques questions que j’aime poser à mes collègues pour les aider, des questions qui donnent souvent de bons résultats :

  • Que fais-tu au quotidien ? Sur quoi bosses-tu en ce moment ?
  • Qu’est-ce qui t’a fait souffrir quand tu nous a rejoint, il y a six mois, et que tu pourrais/voudrais améliorer ? Ou quand tu nous a rejoint, il y a deux ans, et que tu as amélioré depuis ?
  • Tu as essayé telle bibliothèque ou tel outil, ça avait l’air génial… Viens m’en parler ! Je serai content d’en savoir plus en 20 minutes, sans avoir à y passer moi aussi une semaine !

Je sais que la mémoire… C’est compliqué.
Donc notez vos idées quand vous en avez. Par exemple, ayez un papier pas loin de la sortie de la douche, ou sur votre table de chevet pour noter cette idée géniale, avant de vous endormir !

Et puis, demandez à vos collègues de vous aider. Ils et elles savent très bien, souvent mieux que vous, ce que vous faites, sur quoi vous travaillez, ce que vous pourriez partager à votre communauté.

Et comme Fabien me disait après le talk : les idées qui mettent des étoiles dans les yeux de vos collègues pendant les conversations à la machine à café, elles pourraient intéresser un public plus large ;-)


Une fois que vous avez l’idée, vous devez construire un titre de quelques mots et une description de quelques lignes. Il faut qu’ils fassent envie au jury qui sélectionne les sujets, au public qui se basera dessus pour décider de venir vous voir ou non… Tout en n’étant pas bullshit non plus !

C’est aussi le moment de décider à quel événement vous souhaitez proposer ce talk, peut-être une conférence où vous avez déjà été et dont vous avez apprécié l’ambiance ?

Et autre décision importante : quelle durée pour ce talk ? Contrairement à ce que beaucoup de juniors pensent, je suis convaincu qu’une présentation de 20 minutes est plus difficile qu’une intervention de 45 minutes : elle vous donne moins droit à l’erreur !


Quand vous avez ces infos, vous proposez votre sujet en réponse à un CFP, un Call for Papers… Et vous n’avez plus qu’à attendre, souvent quelques (longues) semaines.


Après quelque temps, peut-être, et je vous le souhaite, vous recevrez ce mail qui vous dit « Félicitations, nous avons retenu ton talk 🎉 ». Là, vous prenez un bon coup de panique, vous fermez votre boite mail et vous allez dormir…

Et, le lendemain matin, c’est le moment où vous venez me voir en me disant « je vais bosser mes slides ! »


Mais NON ! J’en ai rien à foutre de tes slides ! C’est pas le moment !
Ce qui m’intéresse, quand tu commences à bosser ton sujet, c’est ce dont tu veux parler, le message que tu veux transmettre ! Les slides, c’est un détail, ça viendra plus tard !

Oui, c’est un des trucs qu’on me dit souvent et qui m’énerve, pardon 😂.

J’entends rire dans la salle… J’ai fait une faute ? Je joue mal Pascal énervé ? Aaah non, c’est parce que je me suis auto-cité ? Et bien, je le refais une seconde fois plus un peu plus tard ^^


La première question à vous poser, c’est « quel est votre public ? »

Vous voulez savoir à qui vous allez parler, quels sont les centres d’intérêts de ces personnes, ce qu’elles connaissent déjà, que vous pouvez alors considérer comme acquis et pas à aborder dans votre talk.


Par exemple, si je prends une idée de sujet dans un domaine dont je parle régulièrement, autour du Cloud et d’AWS.

(en regardant en direction de Sébastien, DevRel chez AWS, que j’avais repéré plus tôt dans la salle et qui avait présenté une autre conférence le matin)
Je t’ai vu lever la tête quand j’ai dit « AWS » ;-)

En carricaturant un peu, si vous parlez de ce sujet à des DSIs, à des CTOs, vous aller aborder des points comme la scalabilité, le time to market, ou les couts.

Par contre, si vous vous adressez à des devs, vous parlerez peut-être plus d’APIs, de l’autonomie qu’ils et elles vont gagner en bossant dans Le Cloud, ou de déploiement d’applications.

Enfin, si votre public est composé de sysadmins, vous penserez plus aux backups, à la configuration réseau.

Oui, je carricature un peu, mais vous voyez où je veux en venir – et ce n’est pas complètement faux non plus.

Une fois que vous avez votre public cible, gardez le à l’esprit tout au long de la construction de votre discours. Vous pouvez aller jusqu’à l’inscrire dans un coin de votre tableau blanc, pour toujours l’avoir sous les yeux !


D’ailleurs, on le voit en haut à droite en bleu, sur ce tableau blanc ;-)

L’étape suivante, c’est de commencer à réfléchir à votre plan macro : les grandes sections, les grandes idées. Et leur durées cibles !

Pourquoi les durées cibles, dès maintenant ?
Parce qu’elles correspondent à l’importance relative que vous souhaitez accorder à chaque section, à chaque idée. Vous donnerez plus de temps à l’idée principale de votre présentation qu’à une idée annexe.

Vous pouvez mener cette réflexion avec l’outil de votre choix. J’aime bien travailler sur tableau blanc : ça fait un grand espace, tout de même limité, où je peux effacer et ré-écrire… Et je peux le garder sous les yeux pendant quelques jours !


Une fois que j’ai mes grandes sections, je commence à identifier, pour chaque, ses trois à cinq idées principales.

Pas plus ! Le cerveau n’a pas une mémoire infinie… Et vous n’avez sans doute pas le temps d’avoir trop d’idées principales non plus !

Petit à petit, mon tableau blanc se remplit !


Vient alors le moment où je commence à travailler mon plan détaillé. J’y note toutes mes idées, y compris celles dont je ne souhaite pas parler. Ainsi, je sais que j’y ai déjà pensé et que j’ai choisi de ne pas les présenter !

Je note aussi les anecdoctes ou les blagues que je voudrai peut-être raconter.

Et je note les endroits où je pense que j’aurai besoin d’un screenshot, d’un schéma, d’un exemple de code. Je ne passe pas de temps à les créer maintenant ! Je note seulement les endroits où je pourrais en insérer. Et je ne les créerai que plus tard, quand je serai certain d’en avoir besoin.


Vous voyez ici le plan détaillé de l’introduction d’un autre de mes talks. Pour une introduction de quelques minutes, j’ai pas mal de notes ! Et j’ai plusieurs idées de screenshots qui illustreraient probablement bien mes propos… Mais je n’ai pas perdu de temps à les créer !

Une fois que j’ai ce plan détaillé…


… C’est le moment de répêter !

Je projette mon plan détaillé. Oui, je projette ces notes et pas du tout des slides, puisque je n’ai pas commencé à travailler dessus. Je projette mes notes, je me lève, et je répête.

Assez vite, je vais me rendre compte si les sections s’enchainent bien, si les idées se suivent de manière logique. Je vais aussi me rendre compte des illustrations dont j’aurai ou non réellement besoin pour appuyer mon discours.

Et je vais itérer plusieurs fois, en retouchant mes notes entre chaque, jusqu’à arriver à quelque chose qui me satisfasse.


À ce moment là, après quelques répétitions et boucles sur les notes, et bien… Votre contenu est complet.

Aussi, votre timing est bon, vos sections sont bien équilibrées ou leurs durées correspondent à l’importance relative que vous souhaitiez accorder aux différentes idées.

Il ne vous reste donc plus qu’à préparer votre support visuel !


Autrement dit, oui, ça y est ! C’est le moment de commencer à bosser vos slides !


J’aime autant vous prévenir dès maintenant : préparer des slides, ça prend du temps. Beaucoup de temps.

En effet, rien que créer des schémas… Il me faut régulièrement plus d’une demi-journée pour créer un schéma ! Un premier brouillon sur papier, une version numérique, trop lourde ou incompréhensible, une seconde version… Faire un schéma épuré et clair, qui ne contienne que ce qui est nécessaire, c’est du boulot !

Trouver les bons mots, ne pas avoir des phrases de trois lignes de long sur un slide, pareil, ça prend du temps.

Et, forcément, vous allez itérer, plusieurs fois, en épurant et en retouchant et en corrigeant et en améliorant à chaque fois. Peut-être même en intégrant les commentaires que d’autres personnes vous feront !


Et puis, si vous êtes comme moi, vous aurez quelques slides pour lesquels vous utiliserez une photo de chaton trop mignon… Et, croyez-moi, quand on commence à chercher des photos de chatons, le temps défile et on y a vite passé une soirée 😂. D’autant qu’il y a plein d’autres animaux migons : hérissons, marmottes, écureuils…

Non, vraiment, chercher des photos pour illustrer les slides, ça prend trop de temps !


Souvent, les personnes en face de moi me posent deux questions :

  • « Quel logiciel je dois utiliser ? »
  • Et « combien de slides il me faut ? »

Et bien, ce que vous voulez ! Keynote, Google Slides, reveal.js, Powerpoint… Peu importe ! Ce qui compte, c’est votre contenu, pas le logiciel utilisé pour créer les slides. Utilisez celui que vous avez déjà l’habitude d’utiliser !

Et pour le nombre de slides, pareil : ce dont vous avez besoin pour appuyer votre discours et l’illustrer. Ce avec quoi vous êtes à l’aise.
J’ai déjà vu des talks géniaux avec zéro slides ; ça s’appelle une pièce de théatre. J’ai vu des talks supers avec un seul slide. J’ai vu des talks avec un slide par minute, un slide toutes les cinq minutes… Perso, je tourne souvent à trois slides par minute, mais c’est ma façon de faire et je sais que quand j’arrive avec 125 slides pour 40 minutes, les organisateurs ont parfois peur 😂.


Ensuite, quand vous élaborez vos slides, rappelez-vous… Et je suis désolé de vous dire ça et j’espère que vous ne m’en voudrez pas… Mais… Le public est bête. Ou, plutôt, le cerveau humain a des capacités limitées.

Notre cerveau n’est capable de se concentrer que sur une seule idée à la fois. Et, pour cette idée, que sur trois ou quatre points. Donc, ne chargez pas vos slides avec des douzaines de bullet-points (une « bullet » en anglais, c’est une balle de pistolet !). Si vous avez vraiment beaucoup à dire, découpez en plusieurs slides.


Et puis, s’il vous plait… Utilisez. Moins. De. Mots. N’écrivez sur vos slides que le cœur qui appuie votre idée et pas votre discours tout entier !

Par exemple…


… Admirez ce slide magnifique ! Plus de 70 mots. Plus les décorations tout autour du slide, qui ne l’allègent pas vraiment ! Et maintenant, imaginez dans quel état vous seriez avec ce type de slide qui défile pendant une demi-heure…

Et bien, ce slide est un de ceux de ma première conférence, en 2008. Et ils étaient à peu près tous comme ça. Ou pire. Avec le recul, avec ce que je sais aujourd’hui, je peux dire que mon public a souffert et n’a pas tellement appris pendant mon talk :-/

Et maintenant, une question pour vous, au fond…


Vous arrivez à lire ce slide ?
Oh, quelques « oui » ! OK, vous avez une meilleure vue que moi, et l’écran est grand !

Non, sérieusement, comme noté sur ce slide : écrivez plus gros, s’il vous plait !


Et quand je dis plus gros, j’insiste : plus gros !


OK, c’est mieux ! Et bien, quand vous pensez, en créant vos slides, que vous avez écrit assez gros…


… Ré-augmentez encore un cran la taille de la police !
Ainsi, vous aurez vraiment des slides lisibles.

Et puis, side-effect pratique : en écrivant si gros, vous ne pourrez pas placer trop de mots sur vos slides ;-)


Une façon simple de valider vos slides ? Faites le « test du métro » !

Une fois votre conférence passée, des gens regarderont son enregistrement sur leur smartphone, dans le métro. Et les slides ne prennent pas toujours toute la surface de l’écran. Donc, mettez vos slides sur votre téléphone – il suffit d’en prendre un ou deux en photos – et essayez de les lire, bras tendu. Si vous n’y arrivez pas sans effort, écrivez plus gros !

Et si vous avez un smartphone énorme, avec un grand écran, genre iPhone Pro Max… Vous avez sans doute un écran plus grand que beaucoup d’autres personnes, donc écrivez un peu plus gros.

Et quand je vous dis tout ça…


Et bien, il y a vraiment des gens qui font ça !

Par exemple, ici, Benoit, un ancien collègue, n’avait que deux mots sur son slide. Et ils prennaient tout l’écran ! Oui ! Peu de mots, écris gros. Ca marche.


Au fur et à mesure que vous créez vos slides, levez-vous et répêtez. Vous verrez ainsi s’ils s’enchainent bien ou non, s’ils appuient bien votre discours, s’ils ne contiennent pas trop d’idées ou s’il n’en manque pas une…

Et, ici encore, itérez : répétition, retouches, répétition, retouche…


Vous allez dire que je me répète, mais répéter est tellement important que j’ai une section entière dans ce talk pour vous répéter de répéter !


Déjà, quand je parle de répéter, c’est dans des conditions les plus proches possibles du jour J. Debout, par exemple. Ou assis face à votre caméra, pour vous entrainer à regarder de temps en temps dans sa direction – dans la direction du public, qui aura ainsi l’impression que vous le regardez, que vous êtes plus proche de lui. En tenant un micro si vous savez que vous devrez en tenir un.

Tenir un micro à main comme celui montré ici, en le gardant toujours à la même distance de la bouche pour que le volume soit constant, ce n’est pas facile ! Le secret est de le poser sur le menton, comme ça il suit votre tête. Heureusement, ce type de micro devient rare !


Vous commencerez généralement par répêter seule. Peut-être devant un miroir pour voir votre gestuelle. Ou en vous filmant et en regardant et écoutant la vidéo ensuite – et, oui, je sais que c’est difficile ! Il m’a fallu plus de dix ans avant que m’écouter ne me fasse plus rien…

Autant que possible, rapidement, vous enchainerez en répétant devant des vrais gens, qui vous regardent, vous écoutent, et sauront vous faire des remarques, des critiques, ou des compliments. Votre moitié, par exemple ? Puis vos collègues de boulot ! En pensant que vos collègues savent sur quoi vous bossez et connaissent sans doute déjà votre sujet et ne sont donc pas représentatifs de votre vrai public !

Ensuite, une approche que pas mal de speakers apprécient est de donner leur talk une première fois devant un public réduit. En meetup, par exemple, devant quelques dizaines de personnes. Ca permet de valider que le discours est clair. Et de se faire au poids des regards, avant d’affronter une salle plus grande !


Au fur et à mesure de vos répétitions, les principaux points auxquels je vous recommande de prêter attention sont :

  • Le temps que vous passez sur chaque section. Encore une fois, la durée d’une section, c’est l’importance que vous accordez à une idée.
  • Et les enchainements. Entre les slides, entre les idées, entre les sections.

Aussi, vous voudrez sans doute répéter encore plus les premières minutes de votre talk. En effet, c’est sans doute le moment où vous serez le plus stressé. Le moment où bien connaitre votre discours vous aidera : vous n’aurez ainsi presque pas besoin d’y réfléchir !

Enfin, s’il vous plait, entrainez-vous à raconter vos anecdotes, pour qu’elles aillent droit au but… Et répétez vos blagues pour ne pas vous planter en les énonçant le Jour J, ça casserait tout l’effet ;-)


Après des semaines à penser à votre conférence, après des dizaines d’heures de travail… Enfin, voici le Jour J ! Le jour où vous montez sur scène devant votre public !

Nous avons toutes et tous beaucoup de chance : nous avons entre les oreilles un organe merveilleux…


Et cet organe merveilleux, le cerveau humain, commence à travailler lorsque vous naissez et ne s’arrête jamais ! Sauf lorsque vous montez sur scène pour prendre la parole en public.


Si vous vous demandiez si vous serez stressée…


Et bien, oui, vous serez stressé. Oui, vous serez stressée.


Mais, en fait… Comme je l’ai dit en 2016 et j’ai la chance que ce soit toujours vrai aujourd’hui : si ça ne me faisait plus rien, j’arrêterais !

Vous voyez ces gens complètement fous qui vont dans Space Mountain ? Vous en faites peut-être partie. Et bien, je suis allé une fois dans Space Moutain et j’ai horreur de ça ! Pourtant, d’autres adorent et y retournent !

Et bien, monter sur scène, c’est un peu mon Space Moutain ;-)


D’ailleurs, puisque je parlais de stress… Comme le dit Kelly McGonigal dans ce bouquin très intéressant, le stress est une force, si vous choisissez de le percevoir comme tel !

En fait, pour nos ancètres il y a des milliers d’années… Le stress leur donnait la force d’affronter le monstre qui venait essayer de les manger ! Ou alors, le stress leur donnait la force de courir très vite pour échapper à ce prédateur ! En fait, par le biais de la sélection naturelle, ce sont les personnes qui ressentent du stress et qui savent l’exploiter qui ont survécu. Le stress est une force.


Une fois sur scène, prenez votre temps, parlez calmement.

Vous avez le droit de faire des pauses !
(Ici, je marque une pause de trois secondes, en prenant soin de les compter pour vraiment faire trois secondes de pause)
Trois secondes, c’est très long pour la personne qui parle, je le sais, je viens de le faire. Mais, pour le public, ça laisse le temps de comprendre les idées qui viennent d’être présentées, de les assimiler.

Et si, comme moi, le stress vous assèche la bouche… Buvez régulièrement. Entre chaque section de votre talk, peut-être : cela vous aidera à marquer des pauses à ces moments charnière.


Aussi, face au stress, connaissez-vous !

Vous voulez savoir, en avance, quel effet le stress provoque chez vous. Au bout de combien de temps est-ce que vous commencez à vous détendre ? Environ 5 minutes, pour moi. Est-ce que vous avez besoin de boire du café avant votre talk ? Ou est-ce que vous serez bien assez énervée comme ça ? Un peu lié : savez-vous comment se comporte votre vessie lorsque vous êtes stressée ? Vous ne voulez pas le découvrir sur scène ;-)

Et c’est aussi pour ça qu’il est utile de répéter devant des gens, pour avoir déjà ressenti ce stress, le connaitre, savoir ce qu’il vous fait.


Pour réduire le stress, deux conseils.

Déjà, avant l’heure de votre talk, testez votre matériel. Allez dans la salle pendant une pause, allumez votre ordinateur, branchez-le au projecteur, confirmez que vous arrivez à projeter.
Je l’ai fait ce midi : je suis allé demander au monsieur de la régie s’il voulait bien m’aider à tester la projection de mes slides, il m’a dit oui (merci à lui !), j’ai branché mon PC, mon adaptateur, le cable HDMI, il a activé le projecteur, ça a marché – depuis que je suis sous Mac, ça marche bien plus souvent du premier coup que lorsque j’étais sous Linux ^^.
Une inquiétude de moins.

Aussi, un conseil que je donne souvent aux speakers junior : montez sur scène pendant une pause ou le matin en arrivant. Parcourez-là. Regardez la salle. Vous découvrirez ainsi le poids de la salle, vide. Lorsqu’elle sera pleine, au moment de votre intervention, vous saurez déjà à quoi elle ressemble et vous aurez déjà ressenti une partie de son poids !


C’est marrant à dire alors que nous sommes dans un amphithéatre d’école… Mais nous ne sommes plus au collège ! Et vous avez tout à fait le droit d’avoir des anti-sèches, le public ne vous en voudra pas !

Je n’en ai pas sur ce slide, mais vous m’avez peut-être vu jeter un coup d’œil de temps en temps à des notes du présentateur sur l’écran de mon laptop. Elles sont parfois utiles pour ne pas se tromper sur un nombre, ou pour être sûr de ne pas louper une idée capitale. Si vous préférez ou si vous êtes loin de votre ordinateur, vous pouvez avoir des petites fiches dans la main. OK, ça se voit, mais je doute que le public vous en veuille si vous y jetez un coup d’œil pour certains éléments critiques !

Vous pouvez aussi, de temps en temps, jeter un coup d’œil par-dessus votre épaule pour voir vos slides. Peut-être pour être sûre d’un nombre affiché et que vous souhaitez prononcer. Ou pour valider qu’une animation s’est jouée. Et je dis bien « un coup d’œil par dessus l’épaule ». Ne regardez pas vos slide en permanence et ne tournez pas le dos au public, c’est horrible pour les gens dans la salle !

Enfin, j’ai, devant moi sur la table cette fiche (j’ai pris la fiche dans la main pour la montrer au public) avec mes temps idéaux. Pour chaque section, je sais à quel moment elle devrait commencer. Et j’ai un chronomètre à côté. À chaque début de section, je regarde si je tiens bien mon timing, si je suis en avance ou si je suis en retard. Et j’adapte un peu mon débit de parole, ou j’ajoute ou supprime quelques idées, peut-être une anecdote.

Enfin, je vais vous confier un secret que tous les speakers se partagent…


Le public ne sait pas ce que vous vouliez dire !

Si vous oubliez quelque chose, personne ne le sait, sauf vous ! Et peut-être les quelques collègues installés au premier rang pour vous soutenir, mais ils ne vont pas vous huer parce que vous avez oublié un truc !

Donc, pas de panique. Vous avez oublié quelque chose, tant pis, pas grave. Passez à la suite.


Pour finir, je sais à quel point la séance de questions / réponses, qui vient souvent à la fin d’un talk, peut être effrayante, surtout pour des speakers junior.

Toutefois, une idée rassurante : le public est votre allié. Pour peu que vous ayez bossé, les gens dans la salle ne sont pas méchants et ils et elles ne vont pas chercher à vous enfoncer. D’ailleurs, les personnes qui posent des questions s’exposent elles aussi au regard et au jugement de l’assemblée et sont donc souvent prudentes.

Aussi, vous avez le droit de ne pas répondre. Vous n’êtes pas obligé de tout savoir !

Et puis, si vous avez bien tenu votre timing, il n’y aura pas de temps pour plus de deux ou trois questions ^^. D’ailleurs, vous le verrez à la fin de ce talk !


Nous arrivons à la fin de mon intervention… Alors, que dire pour conclure ces vingt petites minutes ?


Et bien, tout d’abord, vous avez des choses à dire ! Je le sais, j’en suis convaincu !


Ensuite, soyez conscient que préparer une conférence, ça prend du temps. J’ai l’habitude de dire entre 30 et 50 heures pour une première conférence et je sais que beaucoup de speakers sont dans cette tranche.


Votre contenu est infiniment plus important que vos slides.

Des slides imparfaits, ça ne signifie pas un mauvais talk. Un contenu inintéressant ou sans queue ni tête, par contre… C’est votre contenu qui compte !


Vous l’avez compris, j’espère : répétez, répétez, répétez et répétez encore !


Tout en n’oubliant pas qu’un talk donné, c’est mieux qu’un talk, peut-être un jour parfait, mais que vous ne donnerez jamais !


Et j’espère, l’année prochaine, être assis à votre place… Et vous voir et vous écouter partager !


Si vous souhaitez en savoir plus que ce que j’ai dit pendant ces vingt minutes, si vous aimeriez vous lancer avec un accompagnement étapes par étapes, ça tombe bien : j’ai écris ce livre, « Préparez et donnez votre première conférence (quand ce n’est pas votre métier) », tout spécialement pour vous, en me basant sur mes 15 ans d’expérience et sur des discussions que j’ai eu avec d’autres speakers, juniors ou non, pour bénéficier aussi d’autres approches et points de vue.


J’ai rédigé ce pseudo-transcript sans écouter la conférence que j’avais donné, plus d’un mois après. Je n’apprends jamais mon discours par cœur et j’ai toujours quelques variations mineures entre deux déroulés. Si vous voulez comparer, la vidéo de ce talk au format 20 minutes, enregistrée à Sunny Tech 2022, est disponible ici :