Un intersticiel, un overlay, une popin ? « Fermer l'onglet » et au-revoir !
18 avril 2016 —Mon processus de découverte et de lecture d’articles – une partie de mon activité de veille – est le suivant :
- Quand j’ai un moment devant moi1, je parcoure en diagonale les titres qui remontent dans mon aggrégateur de flux RSS ou dans mon historique Twitter. J’ouvre dans de nouveaux onglets ceux qui attirent mon attention.
- Pour chacun de ces onglets, soit l’article est court ou semble particulièrement intéressant et je le lis de suite, soit je l’empile dans Pocket pour lecture quand j’aurai un plus long moment devant moi.
- Je dépile les articles qui m’attendent dans Pocket2.
La première étape signifie qu’un titre ou commentaire sympa est indispensable. Et la troisième a pour conséquence malheureuse la perte régulière de quelques articles qui finissent par rejoindre les milliers de posts en attente3 au fond de mon Pocket… Mais c’est du second point que je souhaite parler aujourd’hui.
J’ai ouvert, selon les jours, entre 5 et 30 onglets, chacun abritant un article peut-être intéressant – ou peut-être pas.
Arrivé sur celui de votre site, au lieu d’avoir un article à lire, je suis accueilli par une page couverte de gris, avec au milieu de l’écran une boite de dialogue me demandant de saisir un mail ou de cliquer sur je ne sais trop quoi ou d’installer une application mobile. Sans aucun bouton « fermer » évident à trouver. Et cliquer sur le fond de la page est sans effet.
À votre avis, que fais-je ? Rappelez-vous, je suis arrivé là presque par hasard.
Très juste : « Fermer l’onglet ! » : c’est rapide, le raccourci clavier ou le geste à la souris tombent sous les doigts !
Ou pire encore, au lieu d’arriver sur un article à lire, j’ai un écran intersticiel, avec au milieu de la page une image qui ressemble à un message publicitaire et à peine un petit lien « continuer vers le site », pas évident à repérer, dans un coin.
Là encore, je suis arrivé sur votre site presque par hasard et je n’ai pas la moindre idée du sujet de l’article qui, peut-être, se trouverait au bout du chemin. Quoi qu’il en soit, c’est trop tard : « Fermer l’onglet ! »
Après tout : je viens (d’essayer) d’arriver sur votre site, je ne sais pas si l’article visé sera effectivement intéressant… Pourquoi est-ce que je m’emmerderais4 à chercher comment fermer cette *u*a*i* de popin ?
Et une vidéo qui se lance toute seule, avec du son qui vient heurter mes tympans (si j’ai un casque sur les oreilles) ou retentir sur tout l’open-space en dérangeant mes collègues au passage ? Là encore, au plus vite : « Fermer l’onglet ! »5
Et c’est dommage : le titre de l’article, ou le bref commentaire l’accompagnant sur Twitter, m’avait convaincu de cliquer ! Vous aviez (presque) un lecteur. Et j’ai consommé un pouillème de votre CPU et de votre bande passante pour charger votre site !
Sauf que vous avez échoué dans votre mission : me permettre de lire votre article6.
Pour finir, j’anticipe quelques questions :
- Et si je suis sur mobile ? L’effet « Fermer l’onglet ! » est encore plus fort. Idem pour la fenêtre qui me demande si je veux installer votre application Android : non, je ne veux pas installer votre …… d’application !
- Non, attendre que j’ai scrollé un peu avant d’afficher un overlay n’est pas une bonne idée ! Au contraire, cela interrompt ma lecture et provoque un sentiment de frustration encore plus violent ! Votre article, sur lequel je suis arrivé presque par hasard, n’est pas assez intéressant pour surpasser la frustration. Et hop, « Fermer l’onglet ! ».
- Et, définitivement : recharger la page au bout de quelques minutes, en perdant ma position de lecture au passage, n’est pas acceptable et provoque un « Fermer l’onglet ! » – là aussi, même en milieu d’article !
Et pour finir en élargissant un peu le sujet : vous avez entendu parler du Banner blindness ?
Oui, vous cherchez des revenus, je le comprends bien.
Mais, non, assaillir vos visiteurs n’est pas la bonne solution.
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En arrivant (tôt) au bureau et buvant mon premier café de la matinée – et en début de pause midi et/ou en fin de journée si j’ai le temps. ↩︎
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Je vise, à terme, à remplacer Pocket par une autre solution (probablement wallabag), que je pourrais héberger moi-même. Objectif : dépendre d’un service externe (qui peut toujours fermer ou changer ses conditions d’utilisation) de moins. J’abordais le sujet il y a quelques jours : Dépendre d’un service externe, un choix à assumer. ↩︎
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J’ai des articles qui sont, pour certains, en attente dans Pocket depuis plusieurs années. Et, parmi plus de 5000 articles, je sais très bien qu’il y en a une bonne partie que je ne lirai jamais. ↩︎
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Pardonnez-moi ce terme grossier… Mais il correspond plutôt bien à mon sentiment quand je me retrouve dans cette situation ! ↩︎
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Ou même « fermer les onglets » un par un, jusqu’à ce que le son s’arrête enfin ! Heureusement, on s’y retrouve mieux et c’est plus facilement maintenant, avec les navigateurs qui affichent une icône sur l’onglet désagréablement bruyant ! ↩︎
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Enfin, à vous de voir – et c’est une vraie question, fondamentale – quelle est votre mission : afficher de la publicité ? Récolter des adresses mail ? Incrémenter un compteur de vues pour vos annonceurs ? Ou proposer du contenu utile et de qualité à vos utilisateurs ? ↩︎